· 

Brexit - Permis de voter

Ce qui était vrai en 1980 l'est tristement 36 ans plus tard. On n'arrête pas le progrès, seulement le progrès social. Tellement vrai que les anglais ont fini par craquer. Quitte à régresser, faisons le bien.

Comment ne pas être écœurés et démunis dans ce monde où les responsables de la crise économique et sociale érigent des barrières de billets et s'élèvent toujours plus haut en se hissant sur la haine populaire qu'ils attisent.

Afin de masquer l'origine des maux, c'est habilement qu'ils manipulent la rancœur pour se divertir de combats de pauvres. A l'affiche ! « Pauvres d'ici versus pauvres d'ailleurs », cela coûte si peu. Et « si ça ne gagne pas, ça débarrasse ».

Subtile diversion qui éloigne les soupçons de leurs malversations. Tous responsables. Eux, oui, mais pas nous. Qui paient ? Nous, oui, mais pas eux. Eux ? C'est qui eux? Milliardaires, politiciens, personnes d'influence, hommes d'affaires, tous ceux qui nous marionnettisent à la baguette de l'emploi et des impôts.

Emplois et impôts qu'ils délocalisent pour gagner plus. Ces pilleurs de richesses dont le laisser-passer international n'est autre que des pantins dictateurs. Entrainant dans leur sillage des populations entières forcées de tout abandonner pour rejoindre des territoires hostiles. Accusés, allongez-vous ! Nos palais vous accueillent ! Victimes, levez-vous ! Rejoignez nos camps ou le banc de nos fonds marins.

Affaiblis par les désillusions sociales, nous sommes sourds à leur détresse. Effrayés par leur douleur et leur pauvreté nous crayons leur contamination.

Sur la défensive, aveuglée par sa lassitude, l'Angleterre vient de saisir un bazooka pour faire fuir une araignée. La demeure vacille, l'araignée rampe. Lady, as-tu oublié qu'elles n'entrent que dans les endroits sains ? Ne sais-tu pas que « la petite bête n'a jamais mangé la grosse » ?

Je comprends que tu aies peur de ce que tu ne connais pas, de ce qui ne te ressemble pas. Je comprends que personne n'ait su t'aider, ni pris le temps de t'expliquer. Je comprends que tu aies peu et que tu veuilles le garder pour les tiens. Je comprends que ta colère est censurée et que tu te flagelles pour exister. Je comprends ta nostalgie de cette époque délicieusement faste où il n'y avait pas besoin de l'Europe.

Tient, l'Europe ! D'ailleurs, c'est quoi l'Europe ? Tu as voté Lady, savais-tu contre quoi tu votais ?

La libre circulation des étrangers tu me diras. D'accord, tu as voté contre le tourisme, l'argent qu'il te rapporte et le plaisir qu'il te procure ?

La souveraineté Européenne alors. Donc tu préfères renoncer aux subventions pour le soutien des activités fragiles et le développement des produits européens à l'international ?

La finance, peut-être. Tu acceptes la chute de ta Livre Sterling, l'essoufflement de ton poumon financier londonien et la perte de compétitivité de ton industrie à l'étranger ? Moins de revenus, moins d'emplois, plus d'impôts ?

Le chômage, certainement. Près d'un million d'anglais travaillent à l'étranger, des banques étrangères sont implantées chez toi, des départs sont prévus, des arrivées annulées, autant de postes à disparaître, c'est ce que tu voulais ?

La souveraineté nationale, plutôt. Le monde a changé, les géants américains, chinois et émergents prennent bien trop de place, tu le sais ?

Non j'ai trouvé, une sanction. Oui, mais contre toi. Tes dirigeants se défilent. Ils te laisseront seule avec la récession économique pour te border.

Ils t'ont trompé, ils ne t'ont pas expliqué. Ce n'était pourtant pas si compliqué. Ils ont sciemment souillé de démagogie la parole qui leur a été offerte pour raviver ce sentiment primaire de protectionnisme qui dors en chacun de nous. Ils se sont joué de nos instincts pour servir leurs intérêts.

Sache Lady qu'en France c'est pareil. Les mêmes manipulateurs clament notre harakiri. Rapidement. Proprement. Vite, avant qu'on ne s'aperçoive des conséquences désastreuses qui t'attendent. Ce sont les mêmes procédés. Seule la langue change, la bave reste la même, aucune limite, aucune décence, aucune grandeur. Ils capitalisent sur notre ignorance.

Réfléchis bien Lady. Pour conduire j'ai besoin d'un permis, pour travailler d'un diplôme, pour voyager d'un passeport, pour emménager d'une caution. Et pour voter ? Pour participer aux décisions de mon pays ? Même pas une instruction civique.

Ma seule naissance sur le territoire sert de gage pour tuer ma démocratie. 

Écrire commentaire

Commentaires: 0